Aller au contenu
Accueil » Blog » De Gaulle, le dernier des géants

De Gaulle, le dernier des géants

Charles_De_Gaulle_1961

Né en 1890 et mort en 1970, Charles de Gaulle, souvent appelé le général de Gaulle, est un
militaire, résistant, écrivain et ancien président de la République française. Fondateur de la Résistance française, il est également à l’origine de la Ve République et de la Constitution que nous connaissons aujourd’hui.

Dans son livre « Ode à l’homme qui fut la France », Romain Gary écrit : « Il n’était armé que pour venir à bout des événements dramatiques de l’Histoire, et non pour gérer au quotidien la vie politique d’une nation. »

Le général de Gaulle est unanimement considéré comme l’un des plus grands personnages de
l’histoire de France. « Tout le monde a été, est ou sera gaulliste. » selon la célèbre formule d’André
Malraux.

Enfance

Dès son plus jeune âge, Charles de Gaulle est imprégné des valeurs familiales : catholicisme, goût des études, et service de l’état.

Bien qu’ayant grandi à Paris, Charles de Gaulle a toujours entretenu une relation particulière avec sa ville de naissance : Lille.

Charles de Gaulle a trois frères et une soeur : Xavier, Marie-Agnès, Jacques, et Pierre.

Famille de Gaulle_Xavier_Marie-Agnes_Charles_Jacques_Pierre_de_Gaulle
De gauche à droite : Xavier, Marie-Agnès, Charles, Jacques, et Pierre de Gaulle

Début de carrière militaire

Collège Stanislas et Saint-Cyr

Après avoir suivi une préparation au collège Stanislas, Charles de Gaulle intègre la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr en 1908. Il en sort diplômé en 1912 puis rejoint le 33e régiment d’infanterie à Arras, se retrouvant sous les ordres du colonel Pétain puis du lieutenant colonel Stirn.

Charle_de_Gaulle_à_Stanislas_1908
Charles de Gaulle au collège Stanislas en 1908 (rang debout, 3e en partant de la gauche), lors de son année de préparation à Saint-Cyr.
Charles_de_Gaulle_uniforme_Saint-Cyrien
Charles de Gaulle en uniforme Saint-Cyrien, 1910.

Premiers pas en tant qu’officier

Charles de Gaulle commence alors sa carrière en tant qu’officier dans l’armée de Terre.

Lors de la Première Guerre mondiale, il est blessé et fait prisonnier en mars 1916 par les Allemands. Enfermé dans une citadelle, il tente à cinq reprises de s’évader sans succès, et ne sera donc libéré que lors de la signature de l’armistice, le 11 novembre 1918.

Charles de Gaulle prisonnier servant la soupe à ses camarades en 1916
Charles de Gaulle prisonnier servant la soupe à ses camarades, 1916.

Deuxième guerre mondiale

Frise chronologique

Frise chronologique - Du début de la seconde guerre mondiale à la proclamation de la IVe République
Frise chronologique – Du début de la seconde guerre mondiale à la proclamation de la IVe République

1940 : la montée en grade

Alors colonel lors du début de la Deuxième Guerre mondiale, de Gaulle est nommé à la tête d’une division blindée et mène des contre-attaques lors de la Bataille de France (invasion de plusieurs pays, dont la France,
par l’Allemagne nazie en mai 1940).

Nommé général le 1er juin 1940, de Gaulle devient quelques jours plus tard sous-secrétaire d’État à
la Défense nationale et à la Guerre
, dans le gouvernement de Paul Reynaud – l’avant dernier
gouvernement de la IIIe République, divisé entre les partisans de l’armistice avec l’Allemagne, et
ceux souhaitant poursuivre la guerre.

Le 16 juin, Charles de Gaulle apprend son remplacement par le maréchal Pétain et la demande d’armistice de celui-ci.

L’Appel à la Résistance

En 1940, alors qu’il rejette l’armistice demandé par Pétain à l’Allemagne nazie, de Gaulle lance
depuis Londres, avec l’accord de Winston Churchill, l’« Appel du 18 juin ».

Sur les ondes de la BBC, de Gaulle appelle les Français à résister à la collaboration avec le Troisième Reich en rejoignant les Forces françaises libres.

Le 17 juin, le maréchal Pétain, alors chef du gouvernement de la IIIe République, avait annoncé l’armistice (signé le 22 juin) et la fin des combats. Cela n’empêchera pas Charles de Gaulle d’être reconnu chef des Français
libres par Churchill.

Charles de Gaulle appel du 18 Juin 1940 au micro de la BBC
Charles de Gaulle, appel du 18 Juin 1940 au micro de la BBC

“[…] Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se
trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes,
j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d’armement qui se trouvent en territoire
britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu’il arrive, la Flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. […]”

Charles de Gaulle, appel du 18 Juin 1840.
Affichette placardée dans la ville de Londres le 5 août 1940, souvent confondue avec l'appel du 18 Juin.
Affichette placardée dans la ville de Londres le 5 août 1940, souvent confondue avec l’appel du 18 Juin.

A la suite de son engagement pour la Résistance et contre la politique du régime de Vichy, De Gaulle est condamné à mort par contumace  (décision judiciaire prononcée par un juge à l’issue d’un procès, en l’absence de la personne jugée) et est déchu de la nationalité française par le régime de Vichy.

En juillet 1940, la croix de Lorraine devient le symbole du mouvement de résistance.

Libération de la France

La France libre et le Comité français de libération nationale

A partir de 1942, les relations sont plus étroites entre la France libre et la résistance intérieure. De Gaulle charge Jean Moulin d’organiser en France le Comité National de la Résistance. La France libre est alors appelée « France combattante », pour y inclure les Français présents en France et qui participent à la résistance.

Le 3 juin 1943, la France libre est renommée Comité Français de Libération Nationale (CFLN). Ce comité désigne le régime politique, ainsi que le gouvernement qui résulte de la fusion des deux autorités françaises participant à la guerre : le Comité national français de Londres (dirigé par de Gaulle) et le Commandement en chef français civil et militaire d’Alger (dirigé par le général Giraud). Le but est d’unifier les forces françaises et préparer la Libération.

De Gaulle et le General Giraud à la conférence de Casablanca le 17 Janvier 1943.
De Gaulle serrant la main du général Giraud, à la demande de Roosevelt (au centre) et de Churchill (à droite), lors de la conférence de Casablanca le 17 janvier 1943.

Le CFLN est alors considéré par les Alliés comme représentant de l’ensemble des Français qui combattent contre l’Allemagne.

Jusqu’en 1944, le CFLN dirige une partie de l’Empire français. Parmi les actions menées : l’ordonnance du 21 avril 1944 accorde le droit de vote aux femmes.

Le Gouvernement provisoire de la République française

Le 3 juin 1944, trois jours avant le débarquement de Normandie, le régime prend le nom de
Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF).

Après la fin du régime de Vichy le 20 août 1944, marquée par l’exil de Pétain, l’ensemble du territoire français métropolitain et son empire sont gouvernés jusque fin 1946 par le GPRF, lui-même présidé par de Gaulle.

C’est également pendant cette période que le gouvernement du général crée une organisation de la Sécurité sociale.

Charles de Gaulle avec son entourage, défilant sur les Champs-Élysées après la libération de Paris en août 1944.
Charles de Gaulle avec son entourage, défilant sur les Champs-Élysées après la libération de Paris en août 1944.

L’après Seconde guerre Mondiale

Démission en 1946 et discours de Bayeux

En 1946, de Gaulle remet sa démission puisqu’il est en désaccord avec l’Assemblée constituante
sur la conception l’État et le rôle des partis. Il se montre hostile aux projets constitutionnels, dont
le second, adopté par référendum quelques mois plus tard, qui deviendra la Constitution de la IVe
République.


Le 16 juin 1946, dans son (deuxième) discours de Bayeux, de Gaulle expose sa vision d’une future
nouvelle Constitution française.
Certains points qu’il évoque seront repris dans la Constitution de 1958,
celle de la Ve République.

Il insiste sur sa vision du pouvoir exécutif qui doit être entre les mains du chef de l’État, ce qui s’opposera à la Constitution de la IVe République. Il est également en faveur d’un parlement bicaméral (une division du Parlement en deux chambres distinctes). Le gaullisme d’opposition peut donc être vu comme une volonté de réviser la Constitution en place.

Lancement du Rassemblement du Peuple français

Le 7 avril 1947, lors de son discours de Strasbourg, de Gaulle annonce la création du Rassemblement
du Peuple français (RPF),
dans le but de rassembler des partisans d’une révision de la Constitution
en place.

Le RPF défend l’idée d’un pouvoir exécutif renforcé pour le chef de l’État, comme le souhaite de Gaulle, tout en ayant un programme souverainiste visant à trouver un équilibre entre capitalisme et collectivisme.

Affiche électorale du RPF en 1947.
Affiche électorale du RPF en 1947.

Le RPF lutte notamment contre le projet de Communauté européenne de défense, un projet qui vise la création d’une armée européenne placée sous la supervision du commandement en chef de l’OTAN (lui-même nommé par le président des États-Unis). Ce projet sera finalement rejeté par l’Assemblée nationale en 1954.

En un an, le RPF devient le deuxième parti de France, derrière le Parti communiste français (PCF), et
remporte les élections municipales de 1947. Toutefois, le parti ne connaît pas de succès lors des
élections législatives de 1951, notamment à cause de la loi des apparentements (système permettant
aux partis de s’allier, dans le but de réduire l’influence du RPF et du PCF).

Après l’échec aux élections municipales de 1953, de Gaulle annonce que le RPF se retire de la vie politique française.

De Gaulle, le grand homme d’état

Le retour du général de Gaulle

« Tout le monde a été, est ou sera gaulliste. »

André Malraux

La crise de mai 1958, apparue suite au coup d’État en Algérie et dans le cadre d‘une instabilité
gouvernementale, annonce le retour du général de Gaulle.

Le 3 juin 1958 marque l’instauration de la loi constitutionnelle. Promulguée par le président René
Coty, qui qualifie de Gaulle comme « le plus illustre des Français », elle autorise alors le
gouvernement Charles de Gaulle à rédiger une nouvelle Constitution.

Du 1er juin 1958 au 8 janvier 1959, de Gaulle occupe les rôles de président du Conseil des ministres,
ainsi que celui de ministre de la Défense nationale.

Le 4 octobre 1958 marque l’avènement de la nouvelle Constitution qui avait été acceptée à 79,2%
par le peuple français lors du référendum du 28 septembre.
Écrite par Charles de Gaulle et Michel
Debré, elle accompagnera la mise en place de la Ve République.

Le 21 décembre 1958, Charles de Gaulle est élu président de la République française au suffrage
universel indirect par un collège élargi de grands électeurs.

La premier mandant de Charles de Gaulle (1958-1965)

Le premier mandat de Charles de Gaulle s’étend de 1958 à 1965.

Charles de Gaulle dans la DS présidentielle lors d'une halte à Isles-sur-Suippe, le 22 avril 1963.
Charles de Gaulle dans la DS présidentielle lors d’une halte à Isles-sur-Suippe, le 22 avril 1963.

Entre 1961 et 1964, Charles de Gaulle est victime de plusieurs tentatives d’assassinat :

  • 8 septembre 1961 : une bombe commandée à distance est enterrée sur la route de Colombey, mais la DS présidentielle n’est pas endommagée.
  • 23 mai 1962 : De Gaulle doit être abattu sur le perron de l’Élysée par un tireur posté près de l’Élysée,
  • 22 août 1962 : attentat du Petit-Clamart, celui qui a été le plus près de réussir.
  • 15 août 1964 : au mont Faron près de Toulon, une jarre est piégée de huit pains de TNT mis à feu à distance, mais ceux-ci n’explose pas, le déclencheur étant trop faible.

Le général propose alors que le président de la République française soit élu au suffrage universel direct, afin d’assurer une légitimité face aux députés. C’est ainsi qu’en octobre 1962, le mode de scrutin pour l’élection du président de la République française change : le référendum impose alors qu’il soit élu au suffrage universel direct.

De Gaulle réélu pour un deuxième mandat (1965)

En 1965, de Gaulle est réélu président face à François Mitterrand en récoltant 54,8% des voix.

Résultats (par département) de l'élection présidentielle de 1965.
Résultats (par département) de l’élection présidentielle de 1965.

Fin de l’Algérie française

La présidence de Charles de Gaulle est marquée par la fin de l’Algérie en tant que département
français.

Le 4 juin 1958, le président se rend à Alger où il déclare :

« A partir d’aujourd’hui, la France considère que, dans toute l’Algérie, il n’y a qu’une seule catégorie d’habitants : il n’y a que des Français à part entière. »

Charles de Gaulle, Alger 4 Juin 1958.

Plus tard, en 1961, de Gaulle lance une politique dite d’autodétermination visant à rendre le peuple algérien maître de son destin : le peuple français est d’accord et vote « oui » à 75% au référendum. Ce résultat permet l’ouverture de négociations avec le Front de libération nationale (FLN), malgré l’opposition violente (ce vote est pris comme un abandon de l’Algérie française).

Le 18 mars 1962 sont signés les accords d’Évian, ratifiés par le référendum du 8 avril côté français, qui marquent la fin des conflits (la guerre d’Algérie avait commencé en 1954).

Le référendum sur l’indépendance du 1er juillet, côté algérien, obtient 99,72% de « oui ».

La politique de souveraineté nationale de De Gaulle

De Gaulle défend l’idée d’indépendance nationale à travers une série de décisions fortes :

  • Préconisation d’une « Europe des nations »,
  • Réalisation de la force de dissuasion nucléaire française,
  • Retrait de la France du commandement militaire de l’OTAN en 1966 (tout en restant membre de l’Alliance atlantique),
  • Opposition un veto à l’entrée du Royaume-Uni dans la Communauté Economique Européenne.

« Dans dix ans, nous aurons de quoi tuer 80 millions de Russes. Eh bien je crois qu’on n’attaque pas volontiers des gens qui ont de quoi tuer 80 millions de Russes, même si on a soi-même de quoi tuer 800 millions de Français, à supposer qu’il y eût 800 millions de Français. »

Charles de Gaulle, en réponse à la protestation de l’opposition contre le développement d’un programme nucléaire français.

Dissolution de l’assemblée nationale en 1968

Suite à la crise de mai 1968, de Gaulle dissout l’Assemblée. Les partis de gauche étant considérés comme étant responsables de cette crise, les élections législatives de juin donnent à de Gaulle une forte majorité présidentielle qu’il n’avait pas avant.

« Il n’était armé que pour venir à bout des événements dramatiques de l’Histoire, et non pour gérer au quotidien la vie politique d’une nation. »

Romain Gary, dans son livre Ode à l’homme qui fut la France.

Démission et mort

En 1969, la victoire du « non » à 52,4% au référendum portant sur la réforme du Sénat et la régionalisation conduit de Gaulle à démissionner le lendemain. Il se retire à Colombey-les-Deux-Eglises, s’abstient de toute prise de position publique, et poursuit l’écriture de ses Mémoires.

De Gaulle meurt le 9 novembre 1970. Une cérémonie officielle est organisée à la cathédrale de Notre-Dame de Paris, et le général est enterré au cimetière de Colombey en présence de sa famille, des Compagnons de la Libération et des habitants de son village.

On retiendra deux phrases célèbres de ses Mémoires de guerre :

« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. »

« À mon sens, la France ne peut être la France sans la grandeur. »

Si vous avez aimé l’article, vous êtes libre de le partager ! :)

Laisser un commentaire